Nous allons vers les municipales. Autant avoir en tête ce qui est le plus déterminant, dans la situation des banlieues.
Résumons. Les villes, sous le simple effet du marché de l'immobilier, se vident de leur population à faible revenu. Evacuation massive, rarement freinée par les politiques de logement social.
Il en résulte une géographie sociale décomposée en classes. Dans 10 ou 12 ans, le phénomène sera achevé. Il n'y aura plus de mélange nulle part.
L'Etat ne compense d'aucune manière les inégalités qui en résultent : éducation, transports, sécurité, emploi. Résultat : économie parallèle, chômage, drogue, alcoolisme, insécurité, insalubrité, fanatisme religieux, vandalisme, haine raciale, violence, échec scolaire, désintégration culturelle, délabrement familial, psychique. L'inégalité - les espérances objectives d'intégration - est énorme. Le coût aussi.
Les émeutes de novembre 2005 entre les jeunes et la police ont cessé sous l'influence des tenants de l'économie parallèle et des autorités religieuses. Ce n'est pas tout-à-fait ce qu'on appelle l'ordre républicain.
Notre mouvement, face à cela, a un choix important à faire. Comme mouvement de la classe moyenne, urbain, pavillonnaire ou rural résidentialisé, il peut voir les choses du bon côté : ce qui était autrefois diffus s'est désormais concentré ailleurs (quasiment hors du territoire : "la terre contre la paix"). Inutile, donc, de mobiliser les énormes ressources nécessaires. Trouvons simplement les moyens de redonner espoir aux gens. C'est la stratégie de l'action psychologique. A travers des subventions aux associations, des discriminations positives, et une certaine acceptation, de facto, des économies parallèles.
Ou bien notre mouvement voit plus loin et plus large. Auquel cas il se prépare à assumer politiquement la mobilisation de l'Etat en vue de l'énorme travail d'intégration géographique, économique et sociale requis.
D'où :
- la création d'une cellule de veille et d'analyse collectant les informations sur le travail gouvernemental, les politiques publiques, les rapports d'experts et la recherche scientifique, en France et ailleurs,
- laquelle cellule alimente un forum interne, chargé d'évaluer la politique en cours et d'élaborer des propositions, soumises aux décisions du mouvement à travers un ou plusieurs rapporteurs. Mise en forme de projets précis, avec leur budget,
- forum interne chargé en outre d'élaborer, sur cette question, les arguments dont le mouvement, s'il les trouve bons, se servira dans ses interventions aux assemblées et sa communication médiatique.
L'intervention sur le terrain devrait se faire avec un projet et des arguments, et dans le but de politiser la question. Forme laïque de l'espoir. Quant à la paix, en attendant, c'est une affaire dont les gangs, les religieux et la police s'occupent plus efficacement que nous.
Pour élargir mon propos au mouvement, c'est schématiquement le modèle d'organisation qui vaudrait par ailleurs - à mon avis - pour une douzaine de questions : veille / projet / arguments.
Une veille qui alimente un forum en informations et en connaissances, un forum qui délibère plus qu'il n'exprime des opinions (comme on le fait à l'UMP et au PS), qui consulte en cas de besoin l'ensemble des adhérents, et qui produit des propositions et des arguments à l'usage de l'exécutif du mouvement.
Trois responsabilités cruciales, donc, dans notre mouvement : l'organisation, le projet, la communication.
Vous avez largement démontré, yann 35, que le MoDem pourrait adopter ce mode de fonctionnement. Il serait à mon sens un avantage décisif à l'égard des partis de droite et de gauche, si nous savons l'exploiter, en même temps qu'une élégante réponse à l'exode d'en haut, à l'égard de l'UDF.