L'indice social

La valeur travail, tout le monde le sait, a été au cœur de la campagne présidentielle 2007. Effectivement, on s'est rendu compte qu’il est parfois aussi confortable de percevoir un certain nombre d’aides assurant un revenu alternatif à hauteur ou dépassant même une rémunération plafonnée au Smic. C’est une problématique qui appelle une vraie réflexion sur notre modèle social actuel.

Cependant il existe une autre problématique dont personne ne parle et qui explique également l’absence de motivation au retour à l’emploi : il s’agit de la perte de la valeur entreprise, au sens projet commun, aventure humaine autour d’un objectif partagé par tous. Pourquoi ce désintérêt pour l’entreprise ? Les éléments que je vais citer ne concernent heureusement pas toutes les entreprises mais une part suffisamment importante et croissante pour qu’on s’en inquiète. Et je peux vous assurer qu’il s’agit bien d’une réalité que je constate au quotidien, au contact à la fois des entreprises et de leur ex-salariés.

Regardez un peu du côté des conditions de travail et de rémunération, le manque de considération pour le salarié et son évolution, une pression accrue pour toujours plus de productivité et donc toujours plus de rentabilité, l’utilisation massive de contrats précaires et autres ruptures d’essai, etc, etc. Nous avons doucement glissé de la confiance à la méfiance, voire à la défiance entre chefs d’entreprises, cadres et salariés. Nous sommes passé de l’entreprise « accompagnatrice », « formatrice » à l’entreprise « utilisatrice » pour qui la main-d’œuvre ne fait partie que de l’outil de production, et non d’une valeur ajoutée humaine qui pourrait lui apporter, certainement, beaucoup plus qu’elle n’en attend désormais.

Chaque jour je rencontre des travailleurs, voire des cadres, brisés par leur expérience en entreprise, tellement dégoûtés de leur métier à cause du traitement subi qu’ils en décident pour beaucoup de changer de métier, gâchant ainsi non seulement leurs compétences acquises mais, pire, gâchant l’effort collectif en terme d’impôts ayant servi à former ces personnes... qui désormais devront se former à nouveau ! Hélas, il est maintenant acquis que nous ferons « plusieurs métiers » dans notre vie, l’effort du contribuable n’est donc pas prêt d’être atténué tant qu’il faudra financer des formations à répétition.

Alors j’en appelle à la responsabilité des chefs d’entreprises et cadres dans la construction pérenne du modèle social « dans » l’entreprise, car c’est bien là que nous passons la majeure partie de notre vie en société. Nous devons revenir à une problématique de rassemblement, car si les salariés n’obtiennent rien de l’entreprise - ni rémunération gratifiante, ni participation aux fruits du développement microéconomique, ni reconnaissance de leur implication au travail, ni espoir de développement personnel - ils ne donneront que le strict minimum nécessaire au maintien de leur emploi et donc de leur seul revenu de survivance. Alors vous imaginez, quand l’Etat offre un revenu alternatif qui permet de s’échapper de ce monde parfois cruel et pesant, quelle aubaine !

Que faut-il faire alors pour inverser cette fracture entre l’entreprise et ses salariés ? Quelle politique, sans être trop coûteuse pour des entreprises parfois fragiles, garantirait un développement durable de leur activité ? Prenons l’exemple d’une importante PME vendéenne (je ne suis pas villieriste !) qui, chaque fin d’année, redistribue sous forme de participation aux bénéfices (s’il y en a évidemment) un complément de rémunération équivalent à plusieurs mois de salaires : curieusement cette entreprise affiche une croissance très alléchante et l’ambiance au travail est à la fois des plus appliquées - les ouvriers se « coachant » entre eux - et des plus conviviales. Finalement, ça ressemble au bon vieux projet de Participation de De Gaulle, projet qui finalement pourrait être aujourd’hui des plus novateur et salutaire pour notre avenir à tous dans l’entreprise.

Sans rester uniquement sur des préoccupations matérielles, il conviendrait également de veiller avec la plus grande vigilance au traitement réservé aux salariés en entreprise, et ce, dès la candidature au recrutement. Bien entendu c’est déjà la mission des services administratifs de l’Etat, mais il s’avère qu’un certain nombre d’entreprises passent à travers les mailles du filet, provoquant les dégâts que vous savez maintenant. D’ailleurs il serait peut-être souhaitable que tous les services de l’Etat soient enfin connectés entre eux, en vue par exemple d’une appréciation globale des pratiques sociales et salariales en entreprise. L’idée de sanctionner les patrons voyous va dans ce sens, mais je propose également, en préventif, la création d’un indice social rendu public pour que chaque salarié sache exactement dans quel genre d’entreprise il s’engage.

Pour que tout le monde se rassemble à nouveau autour du projet de l’entreprise et ne s’intéresse plus seulement à son salaire... ou à la rentabilité de l’établissement.

Bonjour !

Favorable à une telle démarche ! Il serait utile pour tous que l'on brise le tabou des conditions de travail devenues folles !!!!!

Kenavo !!!

Le tout est de savoir par qui il pourrait être effectué...

Peut-être le ministère de l'économie en réunissant les infos de la direction du travail, de l'URSAFF et de l'ANPE par exemple.

Bonjour !

Il me semble qu'il faudrait travailler davantage la question des Organismes totalement indépendants !!!

Kenavo !!!

Proposition très intéressante.

Par contre qui attribue cet indice ?

Un organisme d'état supplémentaire ?
Je ne suis pas trop chaud, question objectivité.

Pourquoi ne pas confier cette notation à un collège de représentants des syndicats de travailleurs et de patrons.
Ou l'état ne serait présent que parce qu'il est lui même employeur et absent des syndicats patronaux.

Oui bonne idée Papy, finalement c'est vrai que par nature ça les concernent directement les syndicats.

Bonjour !

Je ne voudrais pas gâcher un tel élan mais je doute que les syndicats soient particulièrement objectifs et totalement indépendants !!!!!!! Ou alors j'ai pas tout compris !!!!

Kenavo !!!!!

Qui doit faire la notation ? Les salariés eux-mêmes, bien sûr !

Il est en effet temps que les responsables d'entreprises (surtout les grandes) fassent la différence entre un salarié et une machine.

En fait la notation proviendrait de plusieurs données mixées :

. la situation de l'entreprise vis à vis de l'URSSAF (à jour ? des redressements ?)
. la situation de l'entreprise vis à vis de la DDTEFP (des procès aux prud'hommes ?)
. la situation de l'entreprise vis à vis de l'ANPE (participe à l'insertion des publics cibles ?)
. l'évolution de la masse salariale dans le budget de l'entreprise, l'évolution de l'effectif de l'entreprise, les avantages tels que l'épargne salariale, etc...

En plus de ces indices les inspecteurs du travail pourrait réaliser une échelle sur la base des critères du BIT (Burau International du Travail de l'ONU).

Je vote 1...
Mais je ne crois pas qu'il y ait fissure entre entreprise et salariés...
Il y a gouffre entre conception du W français et mondialisation.

Ceci dit, il y a une trentaine d'années, j'ai entendu dire que nous étions, ou entrions, dans l'ère du Verseau... :!: Ce serait alors l'ère des loisirs. Fin de l'idée de W et début de l'élévation culturelle de l'être Humain.
Ca m'irait assez bien ça... :flower:

Bon on n'en est pas encore à la construction de l'idée, pour ça on aura le Think Tank par exemple, mais je verrais pour le moment trois classes d'entreprises : A, B et C.

A vous pouvez y aller sans crainte, c'est une entreprise saine.

B il y a certainement eu quelques couacs, mais bon l'entreprise est chargée d'y veiller à l'avenir ce qui peut assurer finalement une meilleure gestion RH.

C méfiez-vous ! Vous y allez à vos risques et périls !

En fait la notation proviendrait de plusieurs données mixées :

. la situation de l'entreprise vis à vis de l'URSSAF (à jour ? des redressements ?)
. la situation de l'entreprise vis à vis de la DDTEFP (des procès aux prud'hommes ?)
. la situation de l'entreprise vis à vis de l'ANPE (participe à l'insertion des publics cibles ?)
. l'évolution de la masse salariale dans le budget de l'entreprise, l'évolution de l'effectif de l'entreprise, les avantages tels que l'épargne salariale, etc...

ok mais pour moi il faudrait rajouter une evaluation faite par les salaries eux meme (a bulletin secret) et par les dirigeants (y'a pas de raison, ils ont aussi leur mot a dire...)

ceci etant l'indice social servirait a quoi exactement?

Pourquoi pas effectivement rajouter une évaluation des salariés et dirigeants.

L'indice social servira à promouvoir le développement des entreprises aux pratiques saines et de faire en sorte que les voyous se voient sanctionnés naturellement par la désaffection de leur entreprise par les salariés. Du coup c'est un système incitatif et non cohersitif.

L'indice social servira à promouvoir le développement des entreprises aux pratiques saines et de faire en sorte que les voyous se voient sanctionnés naturellement par la désaffection de leur entreprise par les salariés. Du coup c'est un système incitatif et non cohersitif.

donc il servira dans les secteurs d'activite en plein emploi, la ou les salaries peuvent choisir leur entreprise (si si y'en a ....) mais ailleurs???? dans les secteurs d'activite ou le chomage est grand, les candidats ne feront pas la fine bouche.

C'est très juste bounty, mais on peut supposer qu'une entreprise a bien d'autres choses à perdre que des salariés avec un indice social faible, un "C" par exemple. Je vous laisse imaginer lesquels... en particulier pour les entreprises cotées en bourse !!!

Bravo pour cette analyse.

La notation sociale des entreprises ne plaît pas toujours. Certains sites qui comportaient des forums sur l'ambiance de travail dans des entreprises ont été attaqués en justice ou menacés de l'être, pour cause de diffamation (dans le milieu des "sociétés de services" en particulier). Pour un jeune, c'est difficile de détecter les "pièges" lors d'une embauche, même les plus avertis sont parfois trompés.

Je trouve normal que l'ambiance au travail, ainsi que la pérennité de l'entreprise, avec le taux d'investissement sur le long terme, apparaisse public.

Il existe un organisme qui étudie "La responsabilité sociale des entreprises". Il s'agit de Novethic (www.novethic.fr). Je ne sais pas quel est son niveau d'indépendance, mais cela vaut le coup de regarder.

Sur le thème de la "valeur travail" et de la précarité, je viens de lire un article sur Agoravox "Emploi : passage par la case chômage, conditions de travail dégradées... quelles perspectives ?" (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=27546)